Hyunjoo CHOI

À la recherche de la cité perdue
Mon travail récent de dessin s’inscrit dans une réflexion sur la perte et la mémoire, née du poids oppressant d’un monde où ce qui me semblait autrefois évident ne l’est plus. Pendant la période du Covid, j’ai ressenti cette privation avec acuité et me suis laissée guider par des cartes routières trouvées par hasard, y projetant mon désir d’évasion et de liberté. Chaque cube posé devenait un fragment de souvenirs lancés comme des dés, esquissant une cartographie intime de mon passé.
L’avènement de la navigation numérique a relégué la carte routière à l’obsolescence, en faisant un objet voué à disparaître, à l’image de tant d’autres éléments effacés de mon écosystème mémoriel. Pourtant, mes souvenirs ne s’évanouissent pas pour autant. Invisibles, ils demeurent.
Les noms de villes inscrits sur cette carte — Strasbourg, Nice, Paris — ne sont pas de simples indications géographiques, mais des réceptacles du temps que j’y ai vécu. Chacun de ces lieux résonne comme un écho de mon passé, s’ancrant dans ma mémoire et s’y perpétuant.
Ma démarche artistique s’articule ainsi autour de cet écosystème du souvenir, où espace et temporalité s’entrelacent pour recomposer une cartographie sensible. À travers ce travail, j’explore la possibilité d’un apaisement, voire d’une réconciliation, cherchant à panser l’empreinte du temps en moi et autour de moi.
Hyunjoo CHOI